Etude Santé Prendre soin de l'avenir 2022

La crise COVID a poussé notre système de santé dans ses retranchements et a fait trembler les organisations posant ainsi les prémices d'une adaptation effective aux défis actuels.

La pandémie a agi comme :

• Un révélateur de l'importance de la santé et de la fragilité de notre système
• Un détonateur provoquant des évolutions profondes
• Un accélérateur des tendances déjà amorcées et de l'innovation transformée en progrès

Le numérique en santé fait l'objet d'investissements massifs à la hauteur des enjeux d'innovation et de transformation du secteur. La symétrie des attentions soignant-soigné est la condition de son succès qui repose à part égale sur le confort et l'appui à l'expertise du soignant et sur la confiance dans l'utilisation des données du patient ce qui implique de surinvestir la sécurité et l'éthique des traitements.

• La démonstration d'innocuité, d'utilité et d'efficience du numérique en santé lié au boost des téléconsultation lors de la crise sanitaire COVID a déverrouillé les usages, les faisant passer d'innovation à un progrès durable.
• Le consentement sécurisé combiné à un réel bénéfice pour les utilisateurs de l'exploitation de la donnée sera déterminant pour installer le lien de confiance. Le temps fort que constitue le consentement va être investi avec pédagogie et démonstration des possibilités offertes aux utilisateurs.
• La symétrie des attentions soignant-soigné est la condition de succès des technologies en santé. Elle dépassera l'approche patient-centric et reposera à part égale sur le confort et l'appui à l'expertise du soignant et sur la confiance dans l'utilisation des données du patient.
• L'enrichissement des données médico-administratives (de la quasi-totalité de la population assurée) par les données médicales est en cours grâce au Health Data Hub et à la constitution d'un réseau d'Entrepôts de Données de Santé (EDS) collectant et exploitant les données des établissements de santé. S'articulant à terme avec la création d'un espace européen de données de santé (EHDS), la France sera tenue d'être au niveau de ses partenaires, le numérique n'ayant pas de frontière et la concurrence internationale étant dynamique.
• Appliquée à la santé, le métavers au travers de la réalité augmentée, de la réalité virtuelle ou bien encore de la gamification, offre des perspectives pour la prévention, l'observance, l'orientation dans les parcours de soins, le soutien au geste du chirurgien, ou la formation des professionnels de santé en particulier. Ces usages pleins de promesses, dessinent une nouvelle marche de progrès pour les patients et de nouvelles possibilités de soutien des soignants.

Le vieillissement est un signe positif de développement d'une société et de son système de santé. Pourtant, l'équilibre entre actifs et retraités en font un défi civilisationnel et de soutenabilité économique, notre société s'interrogeant sur sa capacité à accompagner cet âge de la vie. Le bien-vieillir est l'un de nos grands enjeux civilisationnels et le système de santé en est un des acteurs clés, 40% de la dépense lui afférant.

• Le vieillissement de nos sociétés est autant un signe de progrès qu'un défi pour notre société. Défi de soutenabilité, à la hauteur d'un idéal de société inclusif et bienveillant. Défi économique si la prévention n'a pas préparé chacun, tout au long de sa vie, à l'arrivée du grand âge.
• Parallèlement, le virage domiciliaire souhaité implique le développement à grande échelle de services sécurisés répondant aux besoins du quotidien et une adaptation de la ville, au bénéfice de l'ensemble de la population. Fruit d'une réflexion à l'échelle nationale, c'est la ville intergénérationnelle qui est en train d'émerger, repensant l'urbanisation afin de renforcer la mobilité au quotidien, et la sécurité.
• Avec un capital moyen bien supérieur à la moyenne nationale, les personnes âgées sont dans l'ensemble, une population aisée. L'augmentation de la durée de vie et le vieillissement général de la population signalent un réel potentiel de développement pour la Silver Economie. Toutefois, le rejet d'une segmentation senior, participe au frein à l'adoption des offres servicielles dédiées aux personnes âgées qui devront à l'avenir être plus inclusifs avec une cible élargie. Ainsi, servir les besoins de la population croissante des seniors, c'est faire bénéficier la population générale d'une approche renouvelée de la prévention et économiquement viable des services.

Face à l'explosion prévisible des besoins du fait de la détérioration des déterminants de santé, du vieillissement de la population, et de l'anticipation de crisis sanitaires à venir, il est impératif de consommer et produire le soin autrement pour préserver l'un des fondements essentiels de notre modèle démocratique.

• Le secteur prend conscience qu'il ne peut pas détériorer la planète en voulant soigner.
• L'interdépendance entre santé humaine, santé animale et santé environnementale amène à la prise de conscience, que la soutenabilité n'est pas qu'économique ou sociale. Elle est également environnementale et met la prévention - enfin - au cœur des préoccupations et bientôt des actions.
• L'économie des moyens laisse place à l'intelligence des allocations et des énergies, pour tendre vers un recours raisonnable au soin orientant la production et la consommation des soins, des produits ou services, ainsi que leur financement.
• Dans ce contexte où maintenir la bonne santé devient un défi économique et sociétal, les entreprises sont un levier essentiel en tant qu'acteurs économiques et en tant qu'acteurs de santé. Elles jouent un rôle crucial pour la santé de leurs employés et de la société. Par l'évaluation multidimensionnelle – permise par les technologies de la donnée – il devient possible de considérer et d'encourager l'engagement et l'investissement des entreprises pour amplifier un mouvement déjà lancé spontanément.

Si le terrain de jeu de la recherche médicale est mondial, notre enjeu est européen. L'Europe de la santé se construit pas à pas notamment autour du numérique en santé ; elle ouvre de ce fait un marché plus prometteur et solide.

C'est en revanche au niveau local que s'organise le soin de proximité dans des modèles de gouvernance évoluant entre autonomie, responsabilité et évaluation.

• La crise COVID a mis en lumière l'importance d'une organisation collaborative globale et internationale, dans la gestion de l'épidémie, l'innovation (la recherche de vaccins), la prévention et le partage d'informations – en addition aux modalités financières de gestion de la crise. Prendre le meilleur de la mondialisation, tirer parti d'une politique de santé européenne et voir au quotidien et localement ses besoins de santé mieux servis, mieux organisés, guideront sans doute les politiques publiques à venir.
• Politique, diplomatique, économique, monétaire, l'union européenne sera également sanitaire. L'Europe de la santé se construit autour de la mobilité, de l'accès aux soins et de la collaboration internationale, facilitée par les technologies et la data. Trouver l'équilibre entre rôle essentiel dans le jeu mondial, responsabilité préservée au niveau national et adaptabilité locale sera la condition de son succès.
• L'Europe du numérique du citoyen est en marche. En s'appuyant sur une politique claire et affichée de l'UE, sur la standardisation et les normes ainsi que sur une politique de sécurité coordonnée, le numérique européen va créer un marché de l'interopérabilité de la donnée favorisant les échanges et encourageant le décollage de l'économie numérique à grande échelle.