Développer les compétences
de demain. Dès maintenant.
Decembre 8, 2018
Decembre 8, 2018
C’est une course entre l’éducation et la technologie. Alors que les systèmes intelligents et les machines transforment la nature même du travail, les individus vont avoir besoin de compétences fondamentalement nouvelles.
Mais ces compétences ne sont pas forcément enseignées à l'école aujourd’hui. Elles sont surtout acquises par la pratique et l’expérience et demandent souvent un long apprentissage pour être maitrisées. Certaines grandes entreprises testent de nouvelles méthodes de formation continue, mais les systèmes d’éducation et de formation traditionnels sont inefficaces et inadaptés pour relever le défi que pose l’acquisition de ces nouvelles compétences. Si elles ne parviennent pas à appliquer de nouvelles techniques de formation, le risque est encore plus important pour les petites entreprises.
Concrètement, notre étude It’s Learning. Just Not As We Know It, publiée en collaboration avec l’Alliance des jeunes entrepreneurs des pays du G20 (G20 YEA), révèle que la Chine pourrait perdre jusqu’à 1,7 point de pourcentage sur son taux de croissance annuel moyen si elle ne parvient pas à réduire le déficit de compétences au cours des dix prochaines années. Le Mexique et l’Afrique du Sud pourraient quant à eux perdre 1,8 point de pourcentage.
Même les économies possédant une solide base de compétences pourraient perdre gros : l’impact serait de 975 milliards de dollars pour les États-Unis (0,4 point de pourcentage), de 264 milliards de dollars pour l’Allemagne (0,5 point de pourcentage), ou encore de 182 milliards de dollars pour la France (0,5 point de pourcentage). Au total, l’incapacité à réduire le déficit de compétences dans 14 des pays du G20 pourrait réduire la croissance du PIB générée par les technologies intelligentes à hauteur de 11 500 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.
Notre étude révèle un glissement relatif de la demande pour différents types d’emplois, selon que les technologies intelligentes automatisent ou augmentent les tâches. Nous estimons que, pour l’ensemble des pays étudiés, 51 % du temps de travail pourrait être augmenté. 38 % des emplois pourraient potentiellement être automatisés.
51%
La proportion du temps de travail qui pourrait être augmenté en France par les technologies intelligentes
39%
La proportion des emplois qui pourraient potentiellement être automatisés en France, avec un impact différent en fonction des rôles et des régions
Dans le détail, nous avons élaboré 10 groupes ou rôles qui représentent le monde du travail. Chaque groupe comprend des fonctions qui sont touchées de manière similaire par les technologies intelligentes. Les tâches au sein des groupes « Sciences et Ingénierie » et « Empathie et Soutien » sont par exemple les plus susceptibles de connaître une augmentation, car la technologie intelligente amplifie les capacités des personnes et la valeur de leur travail. Ces dix prochaines années, les fonctions liées au travail manuel physique seront les plus exposées à l’automatisation.
« Que les nouvelles technologies aient pour but d’augmenter ou d’automatiser le travail, le renforcement des compétences est une urgence. »
– Laurence Morvan, directrice du cabinet du PDG d’Accenture et membre du comité de direction
Pour la plupart des rôles définis dans notre étude, cette évolution est très prometteuse. Les décisions que prendront les entreprises et les Etats en fixeront l’ampleur et le calendrier.
Aux États-Unis, les emplois liés au groupe « Empathie et Soutien » comme les infirmiers et les psychiatres représentent la plus large catégorie unitaire d’emplois de toute l’économie. Notre enquête souligne que ces rôles peuvent connaître une forte augmentation. Soixante-quatre pour cent de leur temps de travail pourrait être augmenté, et 14 % de cette augmentation pourrait avoir lieu au cours des dix prochaines années. Des investissements appropriés dans l’acquisition de compétences pourraient répondre au besoin des 1,4 million de travailleurs supplémentaires anticipés sur ce segment.
Pour beaucoup, la réponse à la crise des compétences est simple : il suffit de former plus d’ingénieurs et d’augmenter le nombre de diplômés en sciences humaines. Mais créer de vastes cohortes de compétences spécifiques n’est pas la solution.
Accélérer l’apprentissage expérientiel :
Un large éventail de techniques doit être déployé, du design thinking dans les conseils d’administration aux outils de formation par simulation pour les fonctions techniques, en passant par les initiatives de formation en cours d’emploi et les programmes d’apprentissage en entreprise. Il faut appliquer de nouvelles technologies telles que la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle (IA) pour rendre l’apprentissage plus immersif, plus motivant et plus personnalisé.
Mettre l’accent sur l’individu et non plus sur l’institution :
Les objectifs en matière d’éducation et de formation doivent inciter chaque individu à développer un champ de compétences plus large, au lieu de simplement viser l’obtention d’un certain nombre de diplômés issus de formations spécifiques.
Soutenir les apprenants vulnérables :
Les travailleurs plus âgés, les personnes peu éduquées et les employés de petites entreprises sont plus exposés aux effets des nouveaux modes de travail et ont un accès plus limité aux opportunités de formation. Une intervention ciblée est donc nécessaire pour orienter ces apprenants vers des formations et des parcours de carrière appropriés. Les formations doivent être plus modulables et flexibles pour s’adapter aux engagements personnels de chacun. De nouveaux modèles de financement, comme des bourses, doivent encourager l’apprentissage tout au long de la vie.
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Vous manquez de temps ? Nous avons sélectionné pour vous les points forts de l'étude (en anglais)